Rubans


Date de sortie : 21.02.2019
Format : Compilation numérique
Label: Auto-production
Composition, mixage et mastering: Antoine Hubineau
Artwork : Antoine Hubineau


Composés entre 2016 et 2018, ces trois travaux montrent les axes essentiels de l’approche musicale d’Antoine Hubineau au sein des musiques électroacoustiques. Pour les deux premiers, c’est l’articulation entre synthèse sonore et instruments acoustiques qui se révèle être au coeur. Chercher des moyens d’aborder les seconds par le prisme de la première. Le troisième est une autre manière d’aborder l’anecdotique, les évidences sur lesquelles se fondent notre perception. Un travail des différents espaces qui s’offrent entre notre écoute et les sons eux-mêmes.


Essences (2016)

Composée en quadriphonie. Réduction stéréo en écoute.

Essences et sa déclinaison en live Tables sont deux compositions issues du même processus de travail appliqué à deux contextes de diffusion différents. Deux haut-parleurs de contact ont été utilisés et mis en place au sein d’un piano dont les cordes était libérées des étouffoirs, permettant de l’utiliser comme résonateur à partir de sons d’excitation électronique. A l’aide d’une typo-morphologie élaborée à partir de l’enveloppe dynamique (attaque, déclin et amplitude) et de la richesse spectrale du bruit utilisé (source de bruit numérique à résolution variable), l’intérieur du piano a été ausculté comme un véritable espace résonant. Le résultat de chaque passage des signaux d’excitation est capté par des microphones placés au dessus du piano ouvert.

Ainsi, la composition reflète le passage entre le résonateur et le signal d’excitation seul, mais également entre le piano et l’espace où il se trouve. Cette imbrication d’espaces acoustiques et de ce qui les provoquent, dépassant ceux de la captation pour aller vers ceux de notre écoute, reflète et révèle l’essence des choses résonantes. Les marques indélébiles qui s’attachent à toutes sources, se déclinant sans cesse même à partir d’une constante.

Tables (2016)

Live electronic pour piano, exciters et synthétiseur modulaire.
Durée : 8’30’’
Hexaphonie
Commande du SCRIME


Antagonie (2017)

Ce travail est une première approche de la cohabitation au sein d’une pièce acousmatique entre sons de nature acoustique et sons de synthèse. L’objectif est de fondre au mieux le caractère « instrumental » des sons de cette provenance pour mieux les lier à l’électronique. Il est question de les jouer tel un son de synthèse, par exemple une corde de contrebasse jouée à l’archet est traitée comme un oscillateur avec lequel elle se trouve mélangée. Acoustique et électronique font ainsi autant corps qu’anti-corps, elles s’attirent autant qu’elles se repoussent. Tout le jeu est entre l’agonisme et l’antagonisme, il n’est pas question de chercher un terrain de réconciliation ou d’entente il suffit d’accepter les différences. La synthèse devient tout autant un son instrumental que l’instrumental devient un son de synthèse. Grâce à la nature même de la composition acousmatique empêchant toute référence visuelles, nous sommes encouragés à ne plus nous soucier de l’origine des sons.

Antagonie part du principe que le tout est dans les parties se trouvant dans le tout, ainsi c’est une masse ayant agglomérée des sons de provenance diverses qui s’étend sur la durée de la pièce. C’est sa trajectoire intérieure poussant dans des directions contradictoires qui pourtant nous invite à avancer vers un point indéfini.


Proche Décor (2018)

Composée en ambisonie pour 4 haut-parleurs formant un carré. Réduction stéréo en écoute.

Dans ce travail la matière vocale est abordée à travers l’usage de la synthèse sonore présente sur l’ordinateur. L’usage de voix inertes, inexpressives et non signifiantes est nécessaire ici, afin de mettre en avant l’usage proprement sonore de l’appareil phonatoire. Pourtant, différentes identités apparaissent au travers des différents timbres de voix et prononciation dans plusieurs langues du même texte initial.

L’objectif est d’explorer les phonèmes, plus petits éléments du langage, pour leurs diverses propriétés acoustiques. Des occlusifs et leurs morphologies percussives aux fricatives et leurs caractères bruités, en passant par les voyelles et leurs fluidités, c’est un passage des uns aux autres qui court tout le long de la composition. Chaque phonème est déjà son propre espace de déploiement sonore, du plus minuscule au plus grand, ils s’assemblent autant par leurs accointances que leur différences.

En face et autour se placent des espaces acoustiques avec lesquels les voix dialoguent sur un discours justement spatial. Elles éprouvent différentes formes et sonorités d’espaces, se trouvant influencées par ces derniers, la taille des phonèmes employés étant opposée à celle de l’espace dans lequel ils se meuvent. D’une cathédrale à une grotte, d’un couloir à une forêt, les voix terminent par former leur propre espace dans le lieu d’écoute où se trouve l’auditeur. Les espaces deviennent ainsi acteurs et non plus simples environnements diaphanes, ils peuvent être des identités à part entière de manière tout aussi forte que la voix.